Cabinet LAB, Lilou Allet-Bellul, Thérapie Psychosociologique

Co-construire le soin : quand le patient devient acteur de sa thérapie

Dans l’accompagnement psychosocial, la co-construction est une notion centrale. Elle désigne un processus actif et collaboratif entre le patient et le thérapeute. Loin d’une posture de savoir descendant, elle repose sur l’idée que les personnes accompagnées sont les premières expertes de leur vécu. Le thérapeute, lui, n’est pas un guide autoritaire, mais un partenaire engagé, qui s’appuie sur les savoirs expérientiels pour construire du sens avec la personne.

La co-construction, en tant que méthode, trouve ses racines dans les travaux en sociologie clinique, discipline qui articule les dimensions sociales et psychiques du vécu humain. Cette approche privilégie une posture réflexive et impliquée, où l’alliance thérapeutique repose sur la reconnaissance mutuelle et la réciprocité. Un article sur la co-construction du sens dans l’accompagnement illustre bien comment cette dynamique favorise une transformation active du regard porté sur soi-même.

Comprendre la posture du thérapeute : implication et réflexivité

Dans une approche psychosociale, la posture du professionnel ne peut être neutre. Il s’implique, émotionnellement, intellectuellement et subjectivement. Cette implication, loin d’être un biais, devient un levier thérapeutique. Comme l’explique Devereux, ces « inévitables perturbations liées à la subjectivité » sont des ressources pour mieux comprendre les dynamiques à l’œuvre. Cet article sur la posture du praticien réflexif illustre ce point essentiel.

Des chercheurs comme Gilles Amado ou René Barbier ont enrichi ce concept d’implication. Barbier, par exemple, distingue plusieurs niveaux : psycho-affectif, historico-existentiel, structuro-professionnel. L’implication, c’est aussi accepter que ce que l’on est influence ce que l’on perçoit. Cela suppose un travail réflexif permanent. Un article sur l’implication dans l’analyse des pratiques revient sur ces dimensions essentielles.

Le patient : acteur et sujet de son accompagnement

Dans cette approche, la personne accompagnée n’est pas une simple bénéficiaire de soin. Elle participe activement à l’analyse de sa situation. On parle d’une posture de « sujet-acteur », un concept clé en sociologie clinique. Cela permet une co-analyse, où le vécu n’est pas réduit à une pathologie, mais reconnu dans sa complexité et sa dignité.

Le Réseau International de Sociologie Clinique (RISC) soutient cette vision participative. Les dispositifs d’intervention qu’il promeut s’appuient sur une posture éthique fondée sur l’égalité des savoirs. Il ne s’agit pas d’unir deux expertises identiques, mais de reconnaître la complémentarité entre l’expérience vécue et l’analyse professionnelle.

Une approche émancipatrice et critique

Cette co-construction participe d’un projet plus vaste : une émancipation des personnes accompagnées. En leur redonnant du pouvoir d’agir et du pouvoir de comprendre, le thérapeute devient un facilitateur de transformation. Cela s’inscrit dans une tradition critique, héritée de la sociologie, qui interroge les rapports de domination et cherche à les transformer.

Dans cette perspective, cet article sur le care met en avant une éthique de l’attention et du respect du vécu subjectif. Le thérapeute ne cherche pas à imposer une vérité, mais à soutenir un processus de subjectivation.

En résumé : La co-construction en psychosociologie est bien plus qu’une méthode : c’est une posture relationnelle qui reconnaît la personne comme sujet de son histoire. Elle s’appuie sur la confiance, la reconnaissance mutuelle, et la volonté partagée de comprendre pour transformer. Pour les patient·es, cela signifie être pleinement acteur·rices de leur cheminement. Pour les thérapeutes, cela exige éthique, réflexivité, et engagement.